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151 métamorphoses

 La simplicité

Si par quelque meilleur témoignage ou louange l’esprit naturel des choses, à savoir la connaissance, pouvait venir se présenter sous sa forme la plus simple, embellie de ses charmes et atours les plus vertueux afin de révéler la véracité même des propos tenus sur elle-même il ne faudrait pas moins d’un souffle de vent ou un sourire pour saisir la très grande et non moins efficacité de sa science expliquée dans les lignes qui suivent.

Quelle est donc cette très haute science du savoir connu qu’elle en devient perceptible de n’importe quelle hauteur ? Depuis des temps immémoriaux cette science a été utilisée tant par les plus grandes que les plus petites des civilisations, elle est commune aux uns et aux autres. Elle est aussi  claire et limpide et apparente qu’une marguerite dans un champ verdoyant, qu’une étoile dans le ciel ou un poisson dans l’eau vive. 

Elle déclencha étonnement et surprise aux savants, sages qui en saisirent toute sa simplicité. Effrayés par une telle chose aussi légère qu’une plume se déplaçant dans l’air au grès du souffle du vent, ils en firent une science de la plus haute complexité afin de faire croire qu’ils avaient longuement et durement travaillé dessus. Nul n’aurait accepté qu’une chose aussi simple que claire, limpide qu’évidente soit présente partout en tout lieu et à tout instant pour celui, celle qui en connaît la beauté. 

Pourquoi tant de mystères, de secrets, de révélations entourant la simplicité ? La raison en est évidente : personne ne pouvait accepter que cette science puisse être sans but ni début ou fin. Et ce sont ces quêtes du but, du début et de la fin qui rendirent la chose si compliquée qu’il fallut pas moins de quelques millénaires pour que tout le monde en perde sa saveur et sa jeunesse ; sève dont plus personne n’était capable d’en goûter toute l’originalité. Cette complexité est passée par le chemin de la fixité des but, début et fin. Chacun, chacune ayant cru voir dans cette fixation le chemin ultime de la vérité d’une chose simple. Dès lors, il a fallu se munir de multiples outils afin de dissoudre cette fixation, de la dé-faire pour la rendre à sa simplicité même.

Comme une plongée dans le sens des mots, une quête qui, depuis la nuit des temps, essaye de fixer clairement toute chose apparue comme brouillée, mélangée. Se souvenir de bribes d’images juxtaposée et essayer d’en distinguer une forme précise qui puisse dire. Les comparer avec d’autres et tenter d’en faire un langage, une langue. Rien de probant ne sort, alors le sens, pourtant clair, se dilate lui aussi, abandonne sa clarté pour devenir une expression aux sens multiples et là, là, enfin, il se dit quelque chose… Quelque chose qui peut parler.

Une nouvelle naissance de cette science de la simplicité, haut savoir mystérieux, bien entendu, se fit sentir en son temps lorsque l’humanité en retrouva traces et fragments au cours de ses nombreux voyages et autres souvenirs des lointains passés. Elle appela à sa mémoire cette science et en figura la simplicité toute nouvellement retrouvée mais, une fois de plus, afin d’en protéger son essence l’humain fit de celle-ci une science du but, du début et de la fin.

L’humain vit la bonté de cette science et l’aima avec profondeur car il pouvait en faire ce que bon lui semblait. Maître du but, du début et de la fin il pouvait faire ce qu’il n’avait jamais réaliser auparavant : fabriquer quelque chose ! Science connue depuis des millénaires dont les but, début et fin étaient encore confiés au divin caractère de la courbe mondaine, cette dernière n’avait pas besoin d’évoluer ni de changer. Elle représentait, représente et représentera un même état fixé des choses en quelque temps que ce soit !

Nombreux ont été les sages et les savants qui discutèrent de cette science et la posèrent en quelques ouvrages connus de tous ; certains disparurent dans la nuit de l’oubli d’autres nous parvinrent tant bien que mal. En voici quelques extraits !

Les extraits

Anaximandre Milésien en dit le plus grand bien :

« L’illimité est le principe des choses qui sont. » (Simplicius, Commentaire sur la physique d’Aristote in les Présocratiques, gallimard la pleïade).

Anaximène Milésien, lui aussi, élève d’Anaximandre, affirme selon Simplicius,

qu’ « il convient d’établir qu’une chose est l’illimité et le limité en nombre, thèse propre à ceux qui admettaient la multiplicité des principes. »  (Simplicius, Commentaire sur la Physique d’Aristote in les Présocratiques, Gallimard la pleïade).

Anaxagore Clazoménien, élève d’Anaximène, l’expliqua dans sa plus belle et plus claire simplicité :

« Les autres choses participent à une partie de chaque chose ; mais l’Intellect, lui, est illimité, maître absolu et n’est mélangé à aucune chose, car il existe seul et par lui-même. (…) Les multiples choses ont des parties multiples ; et nulle chose n’existe d’une manière discriminée ou séparée d’une autre chose, excepté l’Intellect. L’Intellect est tout entier semblable à lui-même, il est à la fois grand et petit. En revanche, nulle chose n’est semblable à autre chose, et en réalité chaque unique chose est et était formée de celles qui, étant en elle les plus nombreuses, sont de ce fait les plus visibles. » (Fragment reconstitué, extraits in les Présocratiques, Gallimard la pleïade).

Diogène Apollonien, élève d’Anaximène et contemporain d’Anaxagore, définit cette simple science comme suit :

« À mon avis, en un mot, toutes les choses qui existent sont le résultat de l’altération du Même et sont le Même. Et cela est évident : car, si les choses qui existent à présent dans ce monde : la terre, l’eau, l’air et le feu et toutes les autres choses que l’on se représente comme existant en ce monde, si, (disais-je), l’une quelconque de ces choses était autre que l’Autre, étant autre par sa nature propre, et si ce n’était pas le Même qui était transformé de multiples façons et changé, en aucune manière les choses ne pourraient se mélanger entre elles ; il ne pourrait se produire, à partir de l’Autre, ni utilité, ni nuisance pour l’Autre ; nulle plante ne croîtrait de la terre ; et il ne pourrait naître nul animal ni autre être, si les choses n’étaient pas composées de telle sorte qu’elles fussent le Même. En fait, toutes ces choses, résultats de l’altération du Même, sont engendrés comme différentes à divers moments, et retournent au Même. » (Simplicius, Commentaire sur la Physique d’Aristote in les Présocratiques, gallimard la pleïade).

Les 151 métamorphoses qui en découlent

  1. Décrire les choses telles qu’elles sont.
  2. Toutes les choses sont dans un environnement.
  3. Les choses sont tel que l’environnement qui les produit rend possible la production des choses.
  4. L’environnement est tel que les choses qui le produisent rendent possible la production d’un environnement.
  5. Les choses sont telle la distance entre l’être et l’horizon, toujours à égale distance d’elles-mêmes et de l’être qui les voit à l’intérieur d’un environnement [livre des xxiv philosophes, peirce, maturana].
  6. L’être sépare une chose en choses afin de s’approcher de l’environnement.
  7. L’environnement est une chose qui se différencie des choses.
  8. L’être est aussi une chose qui se différencie des choses.
  9. Les choses ne sont pas différentes de l’être et de l’environnement.
  10. Ainsi naît la vision : être à l’intérieur de ce qui a été séparé et à l’extérieur de ce qui a été non séparé.
  11. Il y a une chose vraie, une chose fausse dans un environnement. [peirce]
  12. Chaque environnement est à la fois cohérent selon des relations et des noms qui le distinguent et incohérent par une accumulation de plusieurs choses incohérentes [spencer-brown - kauffman]. 
  13. S’il y a cohérence alors une relation entre différentes choses est possible par le fait de l’indiquer [spencer-brown]. Indiquer une relation, c’est établir une cohérence entre différentes choses dans le but de créer une différence qui se nommera ou se nombrera. 
  14. Qu’une ou plusieur choses reliées entre elles se nomment ou se nombrent, elles expriment toujours une même relation.[spencer-brown].
  15. Les choses sont toujours devant soi [aristote].
  16. Comprendre, c’est s’approcher des choses.
  17. S’éloigner des choses, c’est prendre avec ses sens.
  18. Les placer devant soi, c’est comprendre les choses telles qu’elles sont et en faire une chose à l’intérieur d’un espace dialectique. 
  19. On ne doit s’approcher ni s’éloigner des choses mais rester à égale distance de la chose indivise qui est devant soi.
  20. Critias affirme que l’être, dans son jugement, est plus clément à l’égard des autres êtres humains qui parlent des Dieux car nous connaissons mal les Dieux mais il sera plus intransigeant à propos des affaires humaines car l’être humain se connaît mieux lui-même qu’il ne connaît les Dieux.
  21. La chose est de nature divine.
  22. Le divin est cette tension extérieure que perçoit l’être comme se dirigeant vers lui, un trait qui lui indique que la relation entre lui et les choses est différente.  [Maria Zambrano ; indication, george spencer brown]
  23. Pour l’être cette relation se situe dans une égale distance alors que pour le divin, cette distance est inégale et affecte l’être dans chacun de ses mouvements et le transperce. [le trait distant de la flèche d’apollon, Giorgio Colli] .
  24.  Trait divin qui l’atteint en le différenciant du reste des choses
  25. Naissance d’un monde connu devenu inconnu, l’être se distingue du reste du monde des choses et ne les connaît plus.
  26. Il s’en est éloigné, pris par la perception des sens.
  27. Et il comprend que tout cela est au-delà de lui-même, un en-dehors absolu.
  28. Une lumière brûlante comme le soleil ou apaisante comme la lune qui lui indiquent une chose autre toujours présente en différents moments mais au même endroit en apparence.
  29. La présence de cette chose l’inquiète et lui renvoie l’image de sa propre présence qui est une absence de présence.
  30. L’absence de présence l’oblige à la raison alors que la présence l’oblige à l’intuition sans raisonner.
  31. L’intuition est l’instant de ce premier regard croisé, devenant événement, qui saisit tout mais s’enfuit dès que la raison apparaît.
  32. L’être, par la raison, se protège de l’intuition, de cet excès de connaissance qui lui arrive sans son intervention.
  33. La présence de l’intuition le saisit d’effroi lorsqu’il s’aperçoit que cette absence de présence humaine a besoin d’être complétée pour se rendre difficilement l’égal de l’intuition.
  34. La raison de l’absence de présence humaine est ce trouble ressenti comme un manque, cette incomplétude qui a besoin du complément de l’autre comme présence. Trouble qui le différencie du reste des choses. 
  35. L’absence de présence est le retour du trait divin, cette tension intérieure que perçoit l’être. Elle se dirige d’en lui vers le monde extérieur et indique que sa relation entre l’être et les choses diffère par cette présence première. 
  36. Définir une chose est absurde, elle est indéfinie.
  37. Cette chose est une.
  38. Une chose est parce que l’être est.
  39. Ce n’est que parce qu’une chose est possible que l’être a été possible.
  40. Définir l’être n’est pas absurde car il a été rendu possible par une chose qui n’est pas lui mais une chose le contenant dans le possible.
  41. Une chose est en même temps que l’Intellect a été rendu possible par elle.
  42. Tout être vivant est possible par une choses qui est la même.
  43. Une chose ne cesse de se transformer et d’évoluer en se subdivisant en autant de formes qui sont telle qu’une chose est, a été et sera.
  44. Se subdiviser n’est pas séparer.
  45. Chaque forme est extraite par une chose qui la meut afin d’être formes d’une même chose.
  46. Toutes les formes distinctes sont par l’existence d’une chose qui les exprime.
  47. Chaque forme exprimée par une chose exerce une tension vers la connaissance. Ou ayant été rendu possible par ce qui le contenait l’être est à même de se distinguer lui-même et la chose qu’il observe.
  48. Mais avant, une chose exerce une tension vers le possible des formes.
  49. Les premières formes exprimées par la tension d’une chose furent ce qui a été nommé matière.
  50. La matière est une des formes qu’une chose a tendu vers elle-même afin d’être à égale distance de la matière et d’elle-même.
  51. Les formes de la matière sont telles qu’une chose les exprime comme formes possibles.
  52. Toutes les formes de la matière sont une et même chose.
  53. La matière a été subdivisée par une chose.
  54. Une chose est toujours une tension vers quelqu’autre chose exprimée d’une manière différente mais équivalent à elle-même.
  55. La matière est constituée de telle sorte qu’elle puisse s’assembler suivant des lois qui sont propres aux formes distinctes d’une chose.
  56. Les lois ont été subdivisées par la matière.
  57. Les lois sont les formes précises de la matière.
  58. Les lois déterminent les formes de la matière afin de devenir ce qui est pour l’être qui les observe.
  59. Ce n’est que parce que chaque forme est devenue précise par les lois que les lois ont été possibles.
  60. Chaque forme exprime ce qu’est une chose.
  61. Chaque loi est une tension vers l’extraction d’une chose, ce qui est forme.
  62. Une chose est ce qu’elle est, exprimée par la loi.
  63. Une chose est devenue un système qui se structure comme un déterminisme par lequel s’exprime tout ce qui est en-dehors d’elle [Maturana].
  64. Chaque système déterminé par sa structure est un ensemble de lois et de formes précises sans lesquelles une chose ne peut être.
  65. En devenant autre chose qu’elle n’est par la transformation et l’évolution, une chose contribue a sa propre ruine.
  66.  Ce n’est que parce que chaque système est devenu possible qu’une chose est possible.
  67. Et pourtant, cette chose n’est plus la même chose.
  68. Une chose est, en son essence, simple.
  69. Tout système déterminé par sa structure réfute une chose même simple : telle est la seule loi pour une chose, plus elle se complexifie moins elle est et est cause de sa propre ruine.
  70. Tout système qui se détermine selon son organisation exerce une tension ver la disparition d’une chose afin de faire apparaître des choses autres : ce qui se structure.
  71. Mais ces choses ne sont pas encore, elles sont en-dehors de la naissance des choses qui seront [Anaximandre].
  72. Les choses qui seront sont les formes exprimées par la tension des choses qui sont, corrélatives au système en train de se déterminer.
  73. Les choses qui sont dépendent des choses qui seront.
  74. De même les choses qui seront dépendent des choses qui sont des systèmes qui se structurent.
  75. Chaque système est constitué d’une même matière qui s’exprime suivant des formes précises, elles-mêmes exprimées par des lois.
  76. La matière garde en elle-même le souvenir d’une chose puisqu’elle est une seule et même matière dont la tension s’exerce aussi vers la connaissance en fonction des choses qui seront.
  77. Mais avant, la matière exerce une tension vers le possible des formes.
  78. Certaines formes exprimées par la tension de la matière qui se structure comme un déterminisme furent ce qui a été nommé vivant.
  79. Définir la matière n’est pas absurde, elle est et a été rendue possible par une chose et sert de substrat aux choses qui seront tandis qu’une chose n’a pas été un substrat.
  80. Grâce au vivant, les choses ne seront plus mais sont.
  81. Les choses qui sont, désormais, perçoivent les choses hors desquelles est la naissance, choses qui seront [Anaximandre].
  82. Une chose qui est en-dehors de la naissance parvient à la naissance en devenant choses qui se structurent selon un déterminisme.
  83. Elles doivent naître selon le décret du temps.
  84. Telle est la ruine des systèmes qui se construisent comme un vivant.
  85. Plus une chose se complexifie plus elle tend vers sa propre ruine et plus les choses qui sont, selon le décret du temps,  se séparent d’une chose, plus elles s’opposent l’une l’autre avec encore plus de violence.
  86. Les choses qui sont s’opposent violemment à une chose car ni l’une ni l’autre ne se reconnaît en l’une ou l’autre.
  87. Le temps est nécessaire pour les choses qui sont car elles se sont subdivisées de la matière et ont atteint une complexité telle que chose qui est, a été et sera ne pourra plus se subdiviser en une autre forme encore plus complexe. Si cela était possible alors les choses qui sont exerceraient une tension vers leur propre ruine pour devenir autre chose.
  88. Les choses qui sont dépendent d’un système structuré précis et déterminé.
  89. Pour que les choses qui sont se souviennent d’une chose, la matière s’est transformée en une forme différente d’une chose mais contenant l’essence d’une chose dans son expression la plus simple. 
  90. La simplicité est la vibration et le transport de toute chose.
  91. Toutes ces transformations sont nécessaires et exercent une tension vers le possible de la connaissance.
  92. Les formes exprimées par la tension de la matière en train de se structurer furent le transport et la vibration, essences d’une chose.
  93. Le vivant est la chose qui est en relation avec la matière par l’entremise de la simplicité.
  94. Comme le sage qui fait de deux choses l’une.
  95. Comme le poisson qui fait d’une chose, deux choses.
  96. Le vivant perçoit par le transport et la vibration les choses qui sont et celles qui seront et s’en éloigne car il croit en comprendre leur forme.
  97. Le vivant a conscience de la violente opposition entre la matière et lui-même mais ne désire pas rester à égal distance de la matière.
  98. Il s’approche des choses qui sont la matière pour les comprendre.
  99. Et il s’en sépare afin de les nommer tel que la vibration et le transport le conduisent a les percevoir selon son entendement.
  100. L’entendement du vivant est ce qu’il nomme esprit et ce dernier est ce qui reste de la nature d’une chose par l’entremise du transport et de la vibration.
  101. L’esprit est la chose par laquelle le vivant entre en relation avec le souvenir d’une chose qu’il croit voir présente partout où il renouvelle son souvenir.
  102. L’esprit est une chose qui reste à égale distance d’elle-même (le renouvellement) et de la matière (le souvenir)
  103. Elle n’est plus une chose, elle est ce qui a été une chose.
  104. Une chose subsiste dans l’esprit.
  105. L’esprit s’oppose à une chose ; telle la matière, il garde le souvenir d’une chose mais il a besoin d’une structure qui détermine le réceptacle du transport et de la vibration, pour se souvenir. Sans matière pas de ressouvenir.
  106. Cette opposition qui tend vers la séparation du corps matière et d’un esprit non matériel s’exprime avec une contradiction accrue dans le vivant tantôt comme recherche d’apaisement (le juste accord entre les deux) tantôt comme destruction du corps pour ne laisser que transparaître l’esprit.
  107. Le vivant transporte le chemin d’une chose à travers la forme vibrée de celle-ci.
  108. La vibration et le transport constituent l’origine du principe, il donne forme à une chose laquelle exerce une tension vers elle-même et son opposé : le décret du temps.
  109. Ainsi le limité et l’illimité ne peuvent se rencontrer sans contradiction.
  110. L’univers, dans les confins d’une limite, est subdivisé en une forme exprimée par le temps (vibration).
  111. L’univers, dans les confins de l’illimité, se subdivise par lui-même en une forme qui exprimera le temps (transport).
  112. L’univers des représentations de la connaissance sont des choses qui ne peuvent se séparer de ces principes.
  113. Les principes sont les conséquences de la subdivision apparue avec les formes.
  114. Le temps est l’apparu des choses qui sont.
  115. Et les noms apparaissent pour chaque chose qui est.
  116. L’esprit est le nom d’une chose qui est.
  117. Tout est nom pour une inégale distance.
  118. Chaque nom, dans le déséquilibre d’une distance inégale, cherche l’équilibre entre ce qui oppose la matière et le vivant. La première reçoit les noms apparus de l’infini, de l’immuabilité, de l’immortalité, de l’éternité, de l’illimité. Le second reçoit les noms apparus de fini, de muable, de mortel, de limité et, tente de rétablir l’équilibre, en élaborant un nouveau principe capable de figurer un nom au vivant qui le fera apparaître en-dehors du décret du temps.
  119. Une distance inégale est tout ce qui produit un déséquilibre afin de se nicher au sein d’une nouvelle cohérence qui retrouve équivalence et équilibre, et, en conséquence, se place dans une égale distance, en-dehors du temps et de la matière. Un peu à la manière de l’écriture.
  120. Le fini est comme une limite, il veut devenir autre chose qu’une chose en ce qu’il recherche l’équilibre dans son opposé, l’infini qui est illimité.
  121. Les Dieux et Déesses seront les premiers à conquérir cet équilibre entre matière et vivant mais le prix à payer, celui de ne plus être soumis au décret du temps, et, par conséquent de rivaliser avec une chose, sera l’impossibilité de rester avec le vivant un être. Être vivant est une chose. Être Dieu ou Déesse en est une autre.
  122. Les Dieux, les Déesses veulent, désirent le vivant tout en étant en-dehors du temps afin  de créer un équilibre.
  123. Conquérir une chose, c’est se séparer d’une chose et devenir autre chose.
  124. L’équilibre est à une distance égale par rapport à lui-même et aux autres choses.
  125. Une chose est une autre chose selon un équilibre qui s’ajoute autour d’elle et devient distance.
  126. La distance est ce qui équilibre différentes choses.
  127. Les Dieux comme l’être vivant sont des apparences apparues et, en même temps, quelque chose qui ne veut pas se soumettre au décret du temps ni au vivant mais être autre chose.
  128. Les Dieux, les Déesses guident, donnent à l’être vivant le chemin d’une chose dans son égale distance mais ne disent jamais comment ils sont devenus autre chose.
  129. Une chose, autre chose : ces choses qui sont.
  130. Autre chose est à égale distance d’une chose et des choses qui sont.
  131. Se place entre ces deux choses autre chose.
  132. Nulle part est le lieu de l’autre chose. L’être vivant, comprenant cela, tente de saisir, de conquérir dans une chose le moyen qui l’a rendue autre.
  133. L’être vivant vénère les Dieux, les Déesses pour la promesse de trouver dans cette autre chose le lieu même qui est nulle part, il offrirait tous les mystères d’une chose par sa compréhension.
  134. L’être vivant sait qu’il n’existe pas de lieu où nulle part se situe sinon en-dehors de lui-même, au-delà de la distance et de l’égalité.
  135. Alors vinrent les intermédiaires, ceux, celles qui saisissent dans son ampleur une chose et voient dans l’autre chose le lieu même d’où une chose apparue est devenue apparence.
  136. Autre chose est une chose cachée, cachée à la compréhension des choses qui sont.
  137. Autre chose n’est pas un lieu mais sa création.
  138. Une création est l’apparence apparue d’un souvenir qui existe en aucun lieu, mais est présent partout. [livre des xxiv philosophes]
  139. Telle est l’énigme.
  140. L’énigme crée le trouble.
  141. Le trouble est le moyen par lequel un lieu non situé règne sur le vivant comme une apparence qui apparaît comme réelle.
  142. Le trouble, comme l’arc en ciel, est perceptible et imperceptible. Apparence apparue qui apparaît tel un non lieu venu de nulle part.
  143. Le voile est le propre du trouble.
  144. Enlever le voile signifie commencer à percevoir une chose comme lieu même sans savoir si c’est une chose ou autre chose.
  145. Le voile est la chose double qui, à la fois, est apparence apparue et apparence qui apparaît. Toutefois le vivant ne sait pas où se situent une chose et autre chose.
  146. Une chose conduit à une meilleure compréhension des choses qui sont. Autre chose conduit à une meilleure compréhension des choses qui sont autres.
  147. L’apparence apparue, l’apparence qui apparaît sont un moyen d’accéder en un lieu commun, unique qui se croise partout et nulle part. L’errance entre les deux peut durer des années.
  148. Une porte d’accès a dû donc être créée.
  149. Formulée par l’esprit qui jugera le lieu de l’apparence apparue croisé à l’apparence qui apparaît.
  150. L’esprit est la forme contenant un accès puisque il contient toute chose.
  151. Le jugement de l’esprit est le moyen par lequel le décret du temps est devenu acceptable pour trouver une porte. La porte ouverte, l’horizon apparaît !